La liquidation-partage est une procédure qui intervient principalement après un divorce ou lors d’une succession. Elle consiste à évaluer le patrimoine commun ou successoral, à déterminer les droits de chacun, puis à répartir les biens entre les parties concernées.

Liquidation-partage dans le cadre d’un divorce

Dans le cadre d’un divorce, la liquidation-partage est la procédure permettant aux ex-époux de répartir leurs biens communs ou indivis après la fin du mariage. La procédure varie en fonction du régime matrimonial choisi, avec deux principaux régimes présents en Belgique que nous allons analyser.

  • Régime légal (communauté réduite aux acquêts) : Il s’agit du régime par défaut en Belgique. Les biens communs, c’est-à-dire ceux acquis pendant le mariage, doivent être partagés entre les époux. Chaque époux récupère ses biens propres (acquis avant le mariage ou reçus par donation ou succession).

 

Pour bien comprendre la procédure, il convient de rappeler qu’elle se déroule en deux phases :

 

    • Phase de liquidation : On établit un inventaire de tous les biens et dettes des époux. Cela inclut les biens propres de chacun, les biens communs et les dettes communes. Il faut également évaluer ces biens. Cette étape implique souvent la nomination d’un notaire pour établir cet inventaire et aider à évaluer la valeur réelle des biens. Les créances entre époux (par exemple, si l’un des époux a financé des biens propres avec des fonds communs) sont également réglées à ce stade.
    • Phase de partage : Une fois que tout a été liquidé, les biens communs sont partagés équitablement. Si les ex-époux parviennent à un accord à l’amiable, ils peuvent répartir les biens comme ils le souhaitent. En cas de désaccord, le partage est fait selon les règles légales, souvent sous la supervision d’un notaire ou d’un juge.

 

  • Régime de séparation de biens : Dans ce régime matrimonial, chaque époux reste propriétaire des biens qu’il a acquis individuellement, que ce soit avant ou pendant le mariage. Cela signifie que les revenus, les achats et les dettes de chaque époux restent distincts et n’entrent pas dans le patrimoine de l’autre. Toutefois, il existe une exception pour les biens indivis, c’est-à-dire les biens achetés conjointement par les deux époux. Dans ce cas, ces biens sont soumis à des règles particulières de gestion et de partage.

Lors de la dissolution du mariage, la liquidation du patrimoine ne concerne que les biens indivis. Deux options s’offrent alors aux ex-époux :

  • Répartition des biens indivis : Les époux peuvent choisir de se répartir les biens indivis en fonction de leur contribution respective à l’achat ou selon unaccord mutuel. Cela permet à chacun de récupérer la part qui lui revient sans devoir vendre le bien.

 

  • Vente des biens indivis : Si les époux ne parviennent pas à un accord sur la répartition, ils peuvent décider de vendre les biens indivis. Le produit de la vente sera ensuite partagé entre eux en fonction de leur quote-part respective. En cas de désaccord persistant, un notaire ou un juge peut être désigné pour superviser la liquidation et veiller à ce que la répartition se fasse conformément aux règles légales.

En conclusion, la liquidation-partage dans le cadre d’un divorce vise à garantir une répartition équitable des biens communs ou indivis entre les ex-époux, en fonction du régime matrimonial choisi. Dans le régime légal, les biens acquis pendant le mariage sont partagés tandis que chacun récupère ses biens propres. La procédure suit une approche en deux phases : la liquidation, avec l’inventaire et l’évaluation des biens, puis le partage. Dans le régime de séparation de biens, seuls les biens indivis sont concernés par la liquidation, laissant à chaque époux la propriété de ses biens personnels. Les ex-époux peuvent soit répartir les biens indivis par accord mutuel, soit, en cas de désaccord, procéder à leur vente pour en partager le produit. Dans tous les cas, l’intervention d’un notaire ou d’un juge peut s’avérer nécessaire pour garantir le respect des droits de chacun.

 

Liquidation-partage dans le cadre d’une succession

Dans le cadre d’une succession, la liquidation-partage est le processus par lequel les héritiers d’un défunt se répartissent le patrimoine laissé par ce dernier. Ce processus peut se révéler complexe si plusieurs héritiers sont impliqués, surtout en présence de désaccords. Voici les grandes étapes :

  • Phase de liquidation : Il s’agit d’établir un inventaire précis des biens du défunt, qui inclut ses actifs (immeubles, comptes bancaires, meubles, etc.) et ses passifs (dettes). Un notaire est généralement nommé pour cette étape. L’inventaire des biens permet de connaître la valeur nette de la succession.
    • Détermination des droits des héritiers : En droit belge, certains héritiers bénéficient d’une protection particulière. Les enfants du défunt, appelés héritiers réservataires, ont un droit irréductible sur une partie du patrimoine, ce qui signifie qu’ils doivent recevoir au minimum une certaine part de la succession, peu importe les souhaits exprimés par le défunt. De plus, le conjoint survivant bénéficie d’une protection spécifique, comme l’usufruit sur le logement familial et les meubles qui s’y trouvent. Le notaire joue ici un rôle crucial pour s’assurer que ces droits sont respectés et pour établir le plan de répartition initial.
    • Paiement des dettes : Avant de procéder au partage des biens entre les héritiers, il est impératif de régler toutes les dettes du défunt. Cela inclut le remboursement des prêts, le paiement des factures en suspens, ainsi que les frais funéraires. Les dettes doivent être acquittées sur le patrimoine du défunt, de sorte que seuls les actifs nets (valeur des biens après déduction des passifs) soient partagés entre les héritiers.
  • Phase de partage : Une fois la liquidation terminée, les héritiers peuvent procéder au partage des biens. Si un accord amiable est trouvé, ils peuvent décider de répartir les biens de façon équitable, en tenant compte de la valeur et des souhaits de chacun. Dans certains cas, ils peuvent choisir de vendre certains biens et se partager le produit de la vente, ou encore de procéder à une distribution en nature, où chaque héritier reçoit des biens spécifiques.

Le rôle du notaire dans la liquidation-partage

Le notaire joue un rôle central dans la procédure de liquidation-partage. C’est lui qui est chargé de :

  • Rédaction de l’inventaire des biens : Comme évoqué précédemment, l’une des premières tâches du notaire est de dresser un inventaire complet et détaillé des biens et des dettes. Cet inventaire permet de déterminer précisément ce qui doit être partagé entre les parties.
  • Évaluer les biens : Pour établir une répartition équitable, le notaire peut faire appel à des experts, tels que des agents immobiliers ou des experts-comptables, afin d’évaluer correctement la valeur des biens concernés.
  • Établir les comptes : Si un époux a utilisé des fonds communs pour enrichir son patrimoine propre, ou inversement, le notaire établira des créances pour équilibrer les comptes. De même, dans une succession, il s’assurera que chaque héritier reçoit la part qui lui revient selon les règles légales.
  • Faciliter un accord à l’amiable : Le notaire joue également un rôle de médiateur, en cherchant à encourager une répartition consensuelle des biens. Si un accord amiable n’est pas possible, il accompagnera les parties dans le cadre de la procédure judiciaire, en veillant à ce que celle-ci se déroule de manière conforme et équitable.

Différents types de partages

En Belgique, le partage des biens, que ce soit dans le cadre d’une succession ou d’un divorce, peut se réaliser de deux manières :

  • Partage amiable : Ce type de partage est envisageable lorsque toutes les parties concernées (héritiers ou ex-époux) parviennent à un accord sur la répartition des biens. Le partage amiable est généralement plus rapide et moins onéreux, car il permet d’éviter les procédures judiciaires complexes. De plus, il offre la possibilité de conserver certains biens au sein de la famille ou du patrimoine personnel, comme une résidence secondaire ou des objets de valeur sentimentale. Ce mode de partage favorise la coopération et permet aux parties de trouver des solutions adaptées à leurs besoins respectifs.
  • Partage judiciaire : Lorsque les parties ne parviennent pas à s’entendre, le partage doit se faire par voie judiciaire. Le tribunal désigne alors un notaire pour organiser et superviser la répartition, en s’assurant que celle-ci respecte les règles légales et soit équitable. Le partage judiciaire, qu’il s’agisse d’une succession ou d’un divorce, est souvent plus long et plus coûteux, mais il garantit une solution définitive lorsque les négociations échouent, assurant ainsi que les droits de chacun soient respectés.

 

Conclusion

La liquidation-partage est un processus crucial qui permet de liquider un patrimoine commun ou indivis, que ce soit après un divorce ou lors d’une succession. Elle passe par plusieurs étapes : l’inventaire, l’évaluation des biens, le règlement des dettes et enfin le partage entre les parties concernées. Il s’agit d’une procédure souvent technique, qui peut s’étaler sur plusieurs mois, voire années, en fonction de la complexité du patrimoine et des éventuels désaccords. Un accompagnement juridique est donc fortement conseillé pour assurer la protection des droits de chacun et éviter les conflits.